Une nouvelle synthèse indépendante menée par l’Université de Bath met en doute l’efficacité des produits du tabac chauffé comme alternative bénéfique à la cigarette. Les résultats montrent des effets nocifs persistants, même chez les fumeurs ayant complètement substitué la cigarette à ces produits, et révèlent une absence de données solides pour appuyer les allégations de l’industrie du tabac sur leur caractère à « risque réduit »
Les chercheurs ont analysé 49 essais cliniques sur le tabac chauffé, majoritairement financés par l’industrie du tabac. Peu d’études étaient indépendantes. La plupart présentaient un fort risque de biais : durée courte, conditions de labo, peu comparables à un usage réel ou à un sevrage complet.
Des résultats contrastés et une absence de bénéfice démontré pour les fumeurs
L’analyse de l’Université de Bath ne montre aucun bénéfice sanitaire clair lié au tabac chauffé, même en remplacement complet de la cigarette. Les données sont jugées trop limitées, biaisées et peu représentatives de l’usage réel.
Les rares effets positifs (comme une légère baisse de la pression artérielle en laboratoire) ne se confirment pas dans les études en vie réelle, aux résultats contradictoires.
Peu de comparaisons existent avec des dispositifs validés pour le sevrage. Des effets indésirables graves ont aussi été signalés (intoxications, pneumonies, ingestion accidentelle).
Les auteurs appellent à la prudence face aux promesses marketing de l’industrie.
Des stratégies marketing en contradiction avec les objectifs de santé publique
Bien que Philip Morris International (PMI) affirme que ses produits de tabac chauffé visent les fumeurs adultes souhaitant arrêter, les données montrent une large diffusion chez les jeunes, y compris parmi des adolescents n’ayant jamais fumé. À l’échelle mondiale, ces derniers sont plus de deux fois plus susceptibles que les adultes d’avoir expérimenté ces produits.
Cette dynamique résulte de stratégies commerciales ciblées : marketing digital, influenceurs, design inspiré de la high-tech et parrainage d’événements. Des documents internes de PMI révèlent que le développement du tabac chauffé visait à conquérir de nouveaux segments, tout en maintenant les ventes de cigarettes traditionnelles dans les zones où la réglementation reste permissive, et en déployant les produits chauffés dans les marchés plus encadrés.
Les affirmations de PMI sur le rôle du tabac chauffé dans le sevrage ne sont pas étayées. Les données indépendantes indiquent que la majorité des usagers poursuivent une consommation parallèle de nicotine, augmentant les risques. Le discours de PMI varie d’un pays à l’autre selon le cadre légal, entre argument « d’arrêt du tabac » et « alternative ».
Les auteurs dénoncent une stratégie globale de normalisation du tabac sous une nouvelle forme, visant à fragiliser les politiques de prévention. Ils appellent à une vigilance renforcée et à ne reconnaître aucune légitimité sanitaire à ces produits dont les risques restent mal évalués.
Source : Génération Sans Tabac
