France Info – 4/12/2025
Paralysie, déclin cognitif… Les effets à longs termes du protoxyde d’azote peuvent être dangereux, explique le docteur Christophe Riou.
« Quand on prend [du protoxyde d’azote] tout le temps, le cerveau s’adapte et crée ce qu’on appelle un mécanisme de tolérance », explique jeudi 4 décembre sur franceinfo Christophe Riou, addictologue aux Hospices Civils de Lyon et membre du Service universitaire d’addictologie (Sual) de Lyon. Mercredi, trois jeunes de 14 à 19 ans sont morts noyés après que leur voiture a fini sa course dans la piscine d’un pavillon à Alès (Gard). Plusieurs bouteilles de protoxyde d’azote ont été retrouvées dans le véhicule, mais les causes de l’accident restent à définir.
La consommation de ce gaz hilarant, qui se retrouve notamment dans des bonbonnes à usage alimentaire, a été qualifiée par le procureur d’Alès comme un « phénomène particulièrement inquiétant », et en augmentation. Une tendance confirmée par l’addictologue qui constate, « de manière très nette », une augmentation « à la fois des consultations sur cette thématique » et des « demandes dans les services d’addictologie du Sual ».
Christophe Riou rappelle que le protoxyde d’azote est une substance « psychoactive » et même si ses effets ont été peu analysés, « il est démontré que la vigilance est altérée » lors de la prise. Le produit peut également provoquer, à long terme, des « paralysies, parce que les neurones sont abimés », les jambes, par exemple. Il évoque aussi un « déclin cognitif », qui cause des pertes de mémoire et une altération du temps de traitement de l’information.
« On est passé de doses de 80 grammes à des doses de deux kilos »
Il est néanmoins « compliqué » de qualifier le protoxyde d’azote comme une drogue ou un stupéfiant, selon le médecin, parce que c’est « un produit tout à fait récent » donc « on découvre progressivement » ses effets. Néanmoins, sa consommation est motivée par la recherche d’effets. « On le prend pour se sentir cool, pour s’amuser, pour se soulager d’un mal-être », résume-t-il. Sauf que, « pour avoir le même effet, on est obligé d’augmenter les doses » au fur et à mesure des prises, explique Christophe Riou. « On est passé de doses de 80 grammes à 660 grammes et maintenant à des tanks [réservoirs](Nouvelle fenêtre)« , énumère le médecin, soit « des doses de deux kilos ».
Concernant la proposition d’un député LFI d’interdire la vente du protoxyde d’azote à tous les particuliers, le médecin évoque une décision « très politique », qui, comme toute interdiction, pourrait « créer des difficultés ». « La prohibition de certaines substances n’empêche pas son utilisation. » La vente est aujourd’hui autorisée aux particuliers, mais interdite aux mineurs.




